vendredi 23 mars 2007

Pour commencer...

L’alcool existe depuis plusieurs millénaires. En effet, on a retrouvé la trace de vin, l’une des plus anciennes boissons alcoolisées aux environs de 8 000 ans avant J.C. en Iran. Dans l’Egypte ancienne, Osiris était le protecteur de la viticulture qui était déjà très organisée. Puis en Grèce, Dionysos dieu du vin et de l'extase, symbolise le développement de la culture de la vigne et son extension aux pourtours méditerranéens. Dans l’antiquité romaine, Bacchus était l’homonyme de Dionysos. Aussi le vin, nectar noble, devient le symbole du sang du Christ lors de la Cène et conserve aujourd’hui encore cette caractéristique emblématique.

Au cours des siècles, le vin a considérablement évolué. Par ailleurs, son goût d’antan ne correspond plus à ses qualités gustatives actuelles.

Ci-dessous un diaporama présentant les différentes étapes d’une vinification artisanale...

…Réalisée par nos propres soins !

Chacune des deux bouteilles de 75 Cl contient 12% d’éthanol soit 9 Cl ou encore 9.36 g. Or l’éthanol (ou) se retrouve dans toutes les boissons alcoolisées, c’est pourquoi il est communément désigné par le mot « alcool ».

L’alcool éthylique est une substance psychotrope* toxique qui a une multitude d’effets sur l’organisme, notamment sur les capacités psychomotrices, il peut modifier la vision du monde et provoquer des états seconds voire entraîner la mort. Par conséquent, on peut se demander en quoi l’alcool influence la créativité.

Nous verrons tout d’abord les conséquences de l’éthanol à différentes échelles en suivant sa progression dans le corps humain. Puis nous étudierons l’ivresse en tant que source d’inspiration dans divers domaines artistiques.

*psychotrope : se dit d’une substance chimique qui agit sur l’esprit, la pensée, la vie mentale dans tous leurs aspects.

Les effets de l'alcool sur l'organisme



  1. Bouche : l’alcool entre dans le corps
  2. Estomac : une partie de l’alcool ingéré passe dans le sang, mais la majorité chemine jusqu’à l’intestin grêle.
  3. Intestin grêle : l’alcool se diffuse dans le sang à travers les parois de l’intestin grêle.
  4. Cerveau : l’alcool atteint le cerveau.

Absorption et diffusion de l’alcool

Dans le cas d'une consommation modérée, l'éthanol peut être considéré comme un nutriment idéal, 1g d'éthanol libérant plus d'énergie qu'1g de glucides ou de protides. Cependant, dans le cas d'une consommation excessive, cette valeur énergétique diminue, l'éthanol devient alors toxique pour l'organisme en perturbe alors notamment les métabolismes des autres nutriments.

Au niveau de l’estomac et du duodénum*, une petite partie de l’alcool consommé, près de 10%, passe directement dans le sang par diffusion car les molécules d’éthanol, du fait de leur petite taille n’ont pas besoin d’être transformées par les enzymes* digestives. Cependant la majorité, c’est à dire environ 90%, chemine vers l’intestin grêle où elle est absorbée au cours du processus de digestion. Les molécules d’éthanol ingérées se diffusent à travers les parois de l’intestin grêle qui présentent des caractéristiques favorisant leur passage de la cavité de l’intestin grêle (la lumière) vers le sang. En effet, la paroi présente une grande surface grâce à de nombreux plis, villosités (ou replis) et micro villosités ; une très faible épaisseur (les nutriments ne doivent traverser qu’une seule couche de cellules) ; et une vascularisation importante, leur permettant de pénétrer dans la circulation sanguine.

La vitesse d’absorption de l’alcool par l’organisme dépend de plusieurs facteurs :

- le degré alcoolique de la/des boisson(s) alcoolisées consommée(s) : plus la concentration en éthanol est importante et plus l’absorption sera rapide ;

- la quantité consommée : encore une fois, plus elle est importante et plus l’absorption sera rapide ;

- la rapidité avec laquelle il est bu, une consommation rapide entraînant une absorption plus rapide ;

- le type de boisson : gazeuse, la vitesse de l’absorption se trouve être augmentée ;

- la présence ou non d’aliments dans l’estomac : la nourriture a pour effet de ralentir la vitesse d’absorption de l’alcool, qui se trouve alors être réduite de moitié/en effet, si l’individu est à jeun, l’alcool se répand dans la circulation sanguine en une trentaine de minutes car le contact avec les parois intestinales est plus rapide, alors que s’il est ingéré au cours ou bien à la suite d’un repas, il s’y répand en 90 minutes.

Une fois dans système sanguin, les molécules d’éthanol sont rapidement diffusées dans tout le corps. Miscibles* à l’eau en toutes proportions, leur principale cible est le cerveau car c’est un organe très riche en eau (il en contient plus de 95%).

*duodénum : portion initiale de l’intestin grêle, qui succède à l’estomac et précède le jéjunum*

* jéjunum : partie de l’intestin grêle comprise entre le duodénum et l’iléon*

*iléon : troisième partie de l’intestin grêle, entre le jéjunum et le gros intestin

*enzyme : molécule de nature protéique capable de catalyser une réaction biochimique

*miscible : qui a la propriété de miscibilité, c’est à dire l’aptitude à former avec un autre corps un mélange homogène

Alcool et système nerveux __ Le fonctionnement du système nerveux (circuit neuronique)

L'organisme capte en permanence des informations liées aux variations de son environnement. Le système nerveux est un circuit très complexe où transitent ces informations diverses, sous la forme de messages. Il permet la communication entre les organes sensoriels et moteurs (organes des cinq sens, muscles) et les centres nerveux (cerveau, moelle épinière).

Il existe deux types de messages : les messages sensoriels qui circulent des organes sensoriels vers les centres nerveux, ils sont dits afférents et les messages moteurs qui se déplacent des centres nerveux vers les organes moteurs, ils sont dits efférents. La migration de ces messages se fait via les nerfs qui sont constitués d'un ensemble de fibres nerveuses.

Une fibre nerveuse est en réalité l'expansion d'un neurone, plus spécifiquement appelée axone. Un neurone est une cellule possédant un seul axone, qui permet la connexion avec d'autres neurones et donc la transmission des messages nerveux.

Les neurones constituent la matière principale présente dans le cerveau ainsi que dans la moelle épinière, où ils forment la substance grise. Les centres nerveux renferment une myriade de neurones et donc tout autant de circuits neuroniques qui assurent les échanges entre les centres nerveux et toutes les zones du corps. Ainsi, l'activité neuronique se déroule en trois étapes successives et distinctes qui sont : l'entrée de l'information, la synthèse et la comparaison, la sortie et l'action.

Le fonctionnement du circuit neuronique, l'exemple du réflexe myotatique


Un neurone est une cellule différenciée qui est capable de générer et de conduire des messages nerveux. Le neurone est l'unité structurale et fonctionnelle du système nerveux car il est présent dans le cerveau, la moelle épinière et les nerfs. Une cellule neuronique est constituée de différentes parties spécifiques, possédant chacune une fonction qui lui est propre.


Schéma d'un neurone :








- noyau
-
corps cellulaire : intégration des messages nerveux
- dendrites : réception des messages nerveux
- axone : conduction des messages nerveux
-
arborisation terminale : transmission des messages nerveux à un autre neurone ou à un récepteur

Il existe trois différents types de neurones qui correspondent chacun à une zone du circuit neuronique. On distingue donc les neurones sensoriels, moteurs et inhibiteurs. Ils interviennent dans la propagation de l'influx nerveux lors du traitement d'une information provenant de l'environnement extérieur ou du corps lui-même.

Nous allons étudier le fonctionnement d'un circuit neuronique selon l'exemple du réflexe myotatique*. En effet, ce réflexe est médullaire, c'est-à-dire qu'il dépend uniquement de la moelle épinière; l'encéphale n'intervient donc pas dans sa réalisation. On parle aussi de réflexe poly-synaptique car il implique deux muscles à motricité opposée, et nécessite la connexion entre plusieurs neurones.

Tout d'abord, l'entrée dans le système nerveux peut se faire par un organe ou un neurone sensoriels. Ces derniers sont constitués de récepteurs sensoriels (fuseaux neuro-musculaires), cellules spécialisée ou dendrites situés à l'extrémité d'une fibre nerveuse. L'activité de ces récepteurs est déclenchée par un stimulus qui entraîne l'étirement du muscle. Si l'excitation provoquée est suffisamment intense, elle provoque l'apparition d'un message sensitif au niveau de la fibre nerveuse, ce message afférent se traduit alors par des stimulations électriques. Puis ces manifestations électriques continuent leur progression le long des dendrites du neurone sensoriel. Or un stimulus entraîne toujours la naissance et la migration de plusieurs stimulations électriques et donc l'activité de nombreuses fibres nerveuses. Ces fibres sont enveloppées d'une gaine pour constituer le nerf sensitif, qui conduit les messages nerveux aux centres.

Le message arrive dans la moelle épinière par le nerf rachidien puis la racine dorsale. Celle-ci contient le ganglion spinal qui renferme le corps cellulaire des neurones sensitifs, le message migre alors dans l'axone du neurone jusque dans son arborisation terminale. A ce niveau le neurone sensoriel transmet le message au neurone moteur (moto-neurone) et au neurone inhibiteur par l'intermédiaire d'une synapse excitatrice. La synapse est la zone de proximité entre l'arborisation terminale du neurone sensoriel et le corps cellulaire d'un autre neurone. Ainsi le moto-neurone est stimulé et envoi un message moteur via une synapse neuro-musculaire au muscle qu'il commande pour provoquer sa contraction. En revanche, l'interneurone inhibiteur comme son nom l'indique rempli deux fonctions. Le préfixe "inter" signifie qu'il est le médiateur entre le neurone sensoriel et un second moto-neurone. Après la transmission du neurone sensitif à l'interneurone inhibiteur, ce dernier va inhiber le message. Cet interneurone diffuse alors le message dans le second moto-neurone qui commande le muscle antagoniste au premier et dont l'activité se trouve diminuée. L'action de l'interneurone a donc un effet inverse sur le muscle antagoniste car par lui, le moto-neurone ordonne son relâchement. C'est le principe de l'inervation réciproque.

Voici un schéma permettant de visualiser l'action du réflexe myotatique



*réflexe myotatique : contraction d'un muscle en réponse à son propre étirement

Ce circuit est très court, d'où sa grande rapidité d'action. Mais il existe des systèmes nerveux qui présentent des réseaux neuroniques beaucoup plus complexes et qui impliquent l'activité d'une multitude de neurones. De plus, le traitement de la majeure partie des informations relève du cerveau. C'est donc une approche de son "mode d'emploi" que nous allons tenter d'expliquer dans la partie suivante.

L’encéphale et son activité

L'encéphale plus souvent désigné par le nom "cerveau" est constituée de trois parties : le cerveau, le cervelet et le tronc cérébral. Il est une sorte d'ordinateur biologique qui traite divers types d'informations dans les zones spécifiques qui leurs correspondent. Une même information peut être traitée simultanément dans différentes structures du cerveau, celui-ci fonctionne donc en circuits parallèles. De plus le système nerveux est redondant car il détient la capacité de se régénérer après avoir subi certaines lésions.

On distingue deux aspects du cerveau, le cerveau câblé et le cerveau hormonal identifiables par leur zone d'action et les caractéristiques de leurs neurones. Le cerveau qualifié de "câblé", l'est en raison des multiples connexions assurées par les longs axones de ses neurones qui se propagent de manière diffuse dans l'encéphale ou se rassemblent en faisceau. Ces axones forment la substance blanche. En revanche, le cerveau hormonal regroupe ses neurones surtout dans le tronc cérébral et sa région centrale. Ses neurones se présentent sous la forme de petits amas de milliers de cellules, mais qui projettent leurs axones dans de vastes régions de l'encéphale.

· Composition et fonction du cerveau câblé

L'influx nerveux migre de neurones en neurones de manière continue et fluide sans jamais rencontrer d'obstacle. En effet, son arrivée dans une région du cerveau est un point de départ potentiel vers d'autres neurones. Il forme ainsi des circuits d'interaction très particuliers entre certaines régions du cerveau.

Coupe transversale de l'encéphale :

On observe que le cortex est la région située à la surface des hémisphères droits et gauche du cerveau. Cette zone étendue de l'encéphale se matérialise par la substance grise, constituée de 80% des corps cellulaires des neurones de tout le système. Sous le cortex se trouve la matière blanche composée d'axones qui établissent les connexions entre les corps cellulaires du cortex et les autres parties du cerveau. Le cortex présente de nombreux replis appelés circonvolutions et est organisé en différentes aires notamment sensorielles, associatives et motrices.

Les aires sensorielles sont les zones du cortex où parviennent tous les messages sensoriels ; les aires associatives : les messages faisant appel à la mémoire et les aires motrices sont les zones d'où partent les messages moteurs vers les organes moteurs. A chaque fonction sensorielle correspond une zone spécifique localisée du cortex somatosensoriel. Cette aire est d'autant plus grande que la zone corporelle qu'elle régit est sensible et donc possède de terminaisons nerveuses.

Une étude approfondie a permis de mettre en relation toutes les parties du corps avec une zone précise de l'aire de la sensibilité primaire comme nous le montre l'homunculus de Penfields

Mais le cortex contient d'autres aires qui remplissent chacune une fonction spécifique.

Dessin des différentes aires du cortex





Comme pour le réflexe myotatique, l'activité du système nerveux est déclenchée par l'excitation d'un récepteur sensible à l'environnement dans lequel il se trouve. Ce récepteur sensoriel peut être un neurone comme pour la vue ou une cellule spécialisée, cas des photorécepteurs* de la rétine.

La majeure partie des fibres nerveuses issues des organes sensoriels chemine ensuite dans les centres sous-corticaux dont les principaux sont les noyaux du thalamus.

Elles joignent alors leur aire corticale primaire spécifique, puis progressent dans les autres aires du cortex où l’influx sensoriel diverge rapidement dans les circuits locaux pour être traité. De plus, toutes les autres aires motrices et associatives possèdent des neurones qui établissent un lien avec un noyau thalamique qui leur est associé.

Les microcircuits corticaux de chaque aire sont constitués du même type de cellules réparti dans les six couches du cortex qui sont, de la plus superficielle à la plus profonde :

  1. couche moléculaire: contient essentiellement des fibres (axones et dendrites).
  2. couche granulaire externe: neurones granulaires (couche réceptrice).
  3. couche pyramidale externe : cellules pyramidales (couche effectrice).
  4. couche granulaire interne (couche réceptrice).
  5. couche pyramidale interne (couche effectrice).
  6. couche polymorphe.

Les microcircuits effectuent des opérations pour traiter les informations puis les conduisent vers des cellules pyramidales dont les axones sont les voies de sortie du cortex.

Mais une partie des axones sortant du cortex retournent soit dans leur hémisphère d’origine soit dans l’autre. D’autres axones repassent par les mêmes centres thalamiques que précédemment, ils y croisent donc les fibres sensorielles entrantes.

On peut donc y constater la formation de circuits en boucle, caractéristique fondamentale du fonctionnement cérébral. Effectivement à chaque étape quelques fibres et des connexions retournent à l’opération précédente pour l’informer et contrôler son acheminement. Cette particularité permet de rectifier et d’ajuster la commande motrice jusqu’à la dernière étape avant son exécution.

Certains circuits réflexes courts permettent des réactions rapides et peu complexes pour protéger l’organisme. Mais la plupart des informations « intellectuelles » que le corps reçoit nécessitent l’activation de circuits plus denses et imbriqués.

Suivons par exemple, le parcours du circuit nerveux impliqué dans la prononciation d’une phrase lue. La première connexion s’effectue dans le thalamus, puis la stimulation sensorielle parvient à l’aire visuelle primaire où elle est décodée.

L’information résultante est ensuite transmise à l’aire de Wernicke, liée à la compréhension des mots et à l’aire de Broca, qui analyse la syntaxe. Elle y est comparée aux informations similaires déjà stockées en mémoire.

Puis ce signal est traité par le cortex moteur qui coordonne la contraction des muscles impliqués dans la phonation.

*photorécepteurs : cellules sensorielles visuelles qui désignent les cônes et les bâtonnets de la rétine. Les bâtonnets sont sensibles à l'intensité et à la qualité des rayons lumineux alors que les cônes sont sensibles aux couleurs.

· Le cerveau hormonal

Un neurone à projection diffuse du cerveau peut influencer plus de

100 000 autres neurones grâce aux neuromodulateurs* qu’ils déversent dans l’espace extracellulaire plutôt que dans la fente synaptique. Les effets des neuromodulateurs sont plus long à s’installer mais leur durée d’action est supérieure à celles des neurotransmetteurs. Chacun de ces neurones projettent leur axone dans de vastes régions du système nerveux central comme suit :

Ils présentent une grande divergence de propagation car on remarque sur les schémas que la noradréline innerve à la fois le cortex et le cervelet.

*neuromodulateur : substance qui évoque des signaux limités dans le temps (de l’ordre de la milliseconde) et dans l'espace (la synapse). Ils auraient la capacité de modifier les caractéristiques de réceptivité des cellules nerveuses au niveau des médiateurs chimiques, sans pour autant modifier directement leur activité. En somme, ils ne provoquent ni excitation ni inhibition, mais influent sur leur intensité.

Mode de circulation des messages nerveux


· Au niveau des fibres nerveuses

Toutes les fibres nerveuses possèdent un potentiel de repos. Ce potentiel se caractérise par une polarisation de la membrane des axones. Lorsqu'ils ne véhiculent aucun message, leurs membranes internes et externes sont respectivement polarisées négativement et positivement.

L'influx nerveux matérialisé par un potentiel d'action constitue une dépolarisation brève et réversible qui se propage le long de l'axone. Il se diffuse donc grâce aux canaux ioniques de l'axone, qui sont sensibles au voltage.

Ainsi, lors de la stimulation électrique (conduction d'un message) une inversion de la polarisation membranaire s'effectue (face interne : positive, face externe : négative). Après son passage, la différence de potentiel revient à sa situation initiale.

La réalisation de ce processus fait appel à l'énergie du neurone qui doit entretenir l'activité de leurs pompes ioniques. Celles-ci servent en effet à rééquilibrer les charges de la membrane après la conduction.

A cette étape de la conduction, le neurone subit une brève période réfractaire où il ne peut plus être stimulé, cette inactivation contraint alors le potentiel d'action à poursuivre son circuit et empêche tout retour en arrière.

Les potentiels d'action possèdent aussi une intensité et une amplitude variables d'après la loi du "tout ou rien". Si l'intensité du stimulus déclencheur est inférieur au seuil d'excitation du neurone, il reste inactif et ne conduit pas d'influx nerveux. En revanche s'il lui est supérieur le neurone s'active de la même manière peu importe l'écart d'intensité. Aussi, un potentiel d'action atteint toujours la même valeur et conserve ses caractéristiques sans atténuation.

· Au niveau de la synapse

Comme nous l'avons expliqué précédemment, la synapse est la zone de transmission entre deux neurones. Elle établit le contact entre l'arborisation terminale du premier neurone et les dendrites ou le corps cellulaire du second neurone, cas de la synapse neuro-neuronique où entre l'arborisation terminale et une cellule effectrice, pour la synapse neuro-cellulaire.

Mais un neurone peut présenter plusieurs synapses avec de nombreux neurones : un neurone peut envoyer un même message à plusieurs autres simultanément; et inversement, un même neurone peut recevoir différents messages d'une multitude de neurones.

Le bouton terminale de l'axone synthétise les neurotransmetteurs* classiques, qui sont de petites molécules, grâce à des enzymes localisés dans l'axone.

Ces neurotransmetteurs sont enfermés dans des vésicules, elles-mêmes attachées au cytosquelette* situé près de la membrane pré-synaptique.

Lors de la propagation d'un message, le potentiel d'action arrive dans le bouton terminal, accompagné d'une entrée massive de calcium grâce aux canaux ioniques*. Le calcium y provoque alors un enchaînement de réactions chimiques qui aboutissent au détachement des vésicules et à leur migration vers la zone active, c'est ce qu'on appelle l'excrétion.

Puis l'excitose entraîne la fusion des vésicules avec la membrane pré-synaptique, lors de laquelle elles déversent les neurotransmetteurs dans la fente synaptique. Les neurotransmetteurs s'y mêlent alors à des ions sodium (Na+) et chlore (Cl-). Une fois vides, elles se referment vers l'intérieur, prêtes à être à nouveau remplies de neurotransmetteurs.

De la fente synaptique les neurotransmetteurs migrent alors vers les récepteurs de la membrane post-synaptique. Un récepteur est toujours spécifique d'un neurotransmetteur. La fixation des molécules sur leurs récepteurs canaux provoque l'ouverture directe des canaux ioniques pour permettre aux ions de pénétrer dans le nouveau neurone.

C'est l'ouverture sélective de l'ensemble des différents canaux qui, en changeant le potentiel électrique de la membrane, produit le potentiel d'action. Cette entrée peut donc s'accompagner soit d'une dépolarisation de la membrane et donc d'une excitation du second neurone, soit d'une hyperpolarisation entraînant l'inhibition du neurone.

S'en suit l'inactivation où les neurotransmetteurs brisent leur lien avec les récepteurs et retournent dans la fente synaptique. Ils sont alors désactivés pour que leurs effets cessent.

Activité de la synapse

*neurotransmetteur : médiateur chimique élaboré au niveau d'une synapse et qui assure la transmission de l'influx nerveux.

*cytosquelette : le cytosquelette d'une cellule est l'ensemble organisé des polymères biologiques qui lui confèrent l'essentiel de ses propriétés mécaniques. Il maintient la structure interne, en particulier des compartiments cellulaires

*canaux ioniques : grosses protéines implantées dans la membrane des fibres nerveuses responsables de la production du potentiel d'action.



Les effets de l'alcool sur le système nerveux :L'influence sur les neurotransmetteurs.

L'éthanol et une substance très diffuse qui lui permet d'atteindre le système nerveux central. Il envahit les tissus cérébraux et se concentre plus particulièrement dans les neurones. L'alcool peut donc entraîner des lésions du cerveau d'autant plus importantes que sa surconsommation est fréquente.

L'éthanol agit de manière localisée sur les neurones de l'encéphale. Il est donc à l'origine de dysfonctionnements moléculaires et cellulaires qui peuvent engendrer des symptômes conséquents à l'échelle de l'organisme voire pathologiques.

L'action de l'alcool sur les neurones modifie les canaux ioniques de la membrane, les enzymes et les récepteurs des neurotransmetteurs.

On remarque que c'est au niveau de la synapse du neurone que l'éthanol crée de nombreuses perturbations. Se diffusant dans l'espace extracellulaire qui comprend les fentes synaptiques, l'alcool peut effectivement entrer en contact avec la membrane post-synaptique.

Tout d'abord l'éthanol inhibe l'action de certains neurotransmetteurs qui alimentent de vastes régions de l'encéphale comme vous pouvez l'observer :

Trajet dans le cerveau des quatre principaux neurotransmetteurs













Le GABA est un des neurotransmetteurs affectés par l'éthanol. Le GABA permet aux ions chlore de pénétrer dans le neurone post-synaptique, la charge électrique négative de l'ion contribue alors à rendre le neurone moins excitable. L'éthanol qui se fixe directement sur les récepteurs spécifiques du GABA intensifie ce processus physiologique en permettant au canal ionique de laisser rentrer plus de chlore puisqu'il reste ouvert plus longtemps.

Ensuite, les récepteurs NMDA du glutamate constituent aussi une proie pour l'éthanol. Le glutamate, un neurotransmetteur excitateur du système cérébral chez l'homme active les récepteurs NMDA. Puis ceux-ci activent à leur tour les régions cérébrales qui contrôlent nos comportements. Mais l'alcool empêche les récepteurs NMDA de fonctionner.

Dans ces deux cas, le neurone est inhibé et l'activité neuronale s'en trouve diminuée ce qui explique les effets sédatifs de l'alcool.

Cependant, une consommation chronique d'alcool provoque une hypersensibilité progressive des récepteurs NMDA au glutamate c'est-à-dire une excitabilité anormale du NMDA. Une désensibilisation des récepteurs GABA peut aussi apparaître et rendre ces récepteurs moins sensibles pour déclencher une inhibition du neurone post-synaptique.

Aussi, l'alcool est la cause de l'augmentation de la libération de la dopamine. On pense qu'il serait impliqué dans la diminution de l'activité enzymatique qui détruit la dopamine. Au niveau du système nerveux central la dopamine est impliquée dans les phénomènes de dépendances via le système de récompense lié au désir et la sensation de plaisir. Elle agit également dans la zone cérébrale responsable du réflexe de vomissement, de la motricité et de l'attention.

L’influence sur les divers structures cérébrales

L’alcool affecte divers structures cérébrales. Plus le taux d’alcoolémie est élevé et plus le nombre de structures affectées augmente.

L’alcool affecte les structures cérébrales dans l‘ordre suivant :

  1. Cortex cérébral, ou cortex ;
  2. Système limbique ;
  3. Cervelet ;
  4. Hypothalamus et hypophyse ou glande pituitaire ;
  5. Bulbe rachidien de la formation réticulée (tronc cérébral)

Jusqu'à 1,5 g/L d’alcool dans le sang, c’est sur le cortex cérébral, couche de substance grise située à la surface des hémisphères cérébraux, que les effets de l’ingestion d’éthanol se font essentiellement ressentir. Le cortex contient les corps cellulaires de neurones et est responsable des fonctions les plus élevées du cerveau comme le langage ou la mémorisation. D’une épaisseur d’environ cinq millimètres, il recouvre une surface totale de plus de deux mètres carrés et intervient également dans certaines fonctions élémentaires, telles que la motricité ou la sensibilité.

L’alcool :

· inactive en partie cette région du cerveau contrôlant le comportement et l’individu rentre alors dans une phase dite d’excitation psychomotrice, il devient alors bavard, éprouve une grande confiance en lui ainsi que certaines difficultés à refouler ses pulsions ;

· ralentit la transmission des messages nerveux, ce qui entraîne une altération des différents sens que sont la vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat et le goût ; le seuil de résistance à la douleur de l’individu est décuplé, sa vigilance et ses réflexes sont diminués

· diminue la vitesse du traitement de l’information, l’individu a du mal à se concentrer et à penser en tout état de cause

Le système limbique ou rhinencéphale est la partie la plus primitive du cortex cérébral, formant un anneau à la face interne de chaque hémisphère , il intervient dans le comportement, les émotions et la mémoire. C’est un groupe de structures cérébrales situées autour du thalamus* :

  • hippocampe : zone du lobe temporal de chaque hémisphère cérébral, il joue un rôle dans le comportement et est impliqué dans la formation de la mémoire à long terme;
  • amygdale : structure en forme d’amande situé près de l’hippocampe, elle joue un rôle dans l’apprentissage, la mémoire et est impliquée dans les réactions d’agressivité et de peur

Le rhinencéphale joue un rôle considérable sur le comportement de l’être humain et influe en particulier sur des émotions telles que l'agressivité, la peur, le plaisir ainsi que sur la formation de la mémoire.

Lorsque l’alcool affecte le système limbique, l’individu est sujet à une hyperémotivité et est susceptible de développer des réactions inattendues . Des pertes de mémoire peuvent également survenir.

A partir de 2g/L, l’éthanol commence à provoquer de légères lésions au cervelet, partie de l’encéphale située sous le cerveau et en arrière du tronc cérébral, intervenant dans le tonus musculaire, le maintien de l’équilibre, les mouvements automatiques et la coordination des mouvements volontaires. L’individu éprouve alors quelques difficultés à se tenir convenablement. Avec 3g/L d’alcool dans le sang, l’alcool est responsable de graves troubles moteurs entraînés par des dommages poussé des cellules nerveuses du cervelet. L’individu risque de tomber dans un coma éthylique. Le coma éthylique est un coma toxique ou métabolique, fréquemment associé à une hypotonie musculaire, une dépression respiratoire, une hypotension et une hypothermie. Les cas mortels restent cependant relativement rares même lorsque l’alcoolémie est supérieure à 6 g/L.

L’ hypothalamus est une région du cerveau constituant la partie antérieure et inférieure du diencéphale*. Il contrôle le système nerveux végétatif et une partie du système hormonal grâce à ses liens directs avec l'hypophyse. Glande endoctrine (sécrétrice et libératrice d’hormones*) située sous l’hypothalamus, l’hypophyse influence le comportement sexuel et régulation du débit urinaire.

L’alcool a deux effets notables sur les deux structures cérébrales citées ci-dessus.

Les performances sexuelles sont loin d’être exceptionnelles alors que l’appétit sexuel lui, augmente avec le taux d’alcoolémie.

Le tronc cérébral, partie la plus ancienne du cerveau, est une structure du système nerveux central. Il est responsable des réflexes respiratoires et cardiaques, de la régulation de la température, etc…. Quand l’alcool commence à affecter les zones qui composent le tronc cérébral telles que la formation réticulée qui gère notre sommeil, notre attention et qui nous permet de nous concentrer, l’individu commence à éprouver une certaine fatigue. Il risque même de tomber dans un coma éthylique lorsque le taux d’alcoolémie augmente. Le coma éthylique est un coma toxique ou métabolique, fréquemment associé à une hypotonie musculaire, une dépression respiratoire, une hypotension et une hypothermie. Les cas mortels restent cependant relativement rares même lorsque l’alcoolémie est supérieure à 6 g/L.


*thalamus : gros noyau gris, pair, situé à la base du cerveau, jouant un rôle dans la transmission des messages nerveux au cortex

*diencéphale : partie du cerveau située entre les hémisphères, qui comprend le troisième ventricule au centre, l’hypothalamus en bas, de part et d’autre, le thalamus

*hormone : une hormone est une substance :

- sécrétée par une endoctrine (cellule de glande hormonale) ;

- excrétée et libérée dans le sang et la lymphe, véhiculée dans tout l’organisme ;

- qui agit sur des cellules cibles qui possèdent des molécules réceptrices d’hormones.

La fixation de l’hormone sur le récepteur modifie le métabolisme de la cellule cible.

Dépendance et effets de l’alcool à long terme

En France, près de 4 millions de personnes sont en difficulté avec l'alcool. On dénombre environ deux millions et demi les buveurs excessifs et un million et demi de personnes alcooliques. L’alcoolisme, une dépendance, est à l'origine de nombreux dommages physiques, psychiques et sociaux.

Une surconsommation régulière d’alcool, c’est à dire l’ingestion de quatre verres ou plus par jour, entraîne une tolérance. L’individu doit alors ingérer des doses d’alcool plus importantes afin d’obtenir l’effet escompté. Les buveurs chroniques sont susceptibles de boire sans arrêt sans pour autant être ivres, les seuls changements notables se situent au niveau de leur comportement. De ce fait, leur état passe souvent inaperçu. Il est par conséquent très facile pour ces personnes d’acquérir une dépendance physique et psychique à l’alcool. Pourtant, malgré l'absence d'ivresse, les effets sur le long terme sont bien présents. Une surconsommation régulière d’alcool, risque en effet de provoquer des lésions hépatiques*, des pertes de mémoires ; engendrer des accidents vasculaires cérébraux, des cancers, des ulcères ainsi que des troubles pancréatiques ; et mener à l’impuissance.


*hépatique : relatif au foie

L'ivresse comme source d'inspiration

Et le vin de dire

« En toi je tomberai, végétale ambroisie,

Grain précieux jeté par l’éternel Semeur,

Pour que de notre amour naisse la poésie

Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! » [Baudelaire, L’âme du vin, Les fleurs du mal]

À l’origine de cette osmose, Dionysos, dit aussi Bacchus. Dieu de nulle part, et de partout, il offrit aux hommes, par la vigne et l’ivresse, l’inspiration, car étant le père de la comédie et de la tragédie, il pourrait s’apparenter à un « dieu mystérieux caché dans les fibres de la vigne » ,dixit Baudelaire, qui donnerait à l’homme son génie.

On raconte que lors de l'ivresse, l'exaltation mystique, ou encore lors de l'acte de jouer la comédie, l'individu concerné était parvenu au royaume de Dionysos. Ivresse réelle ou ivresse métaphorique, du pareil au même, puisque c'est le Dieu du vin qui en est à l’origine...

Baudelaire

Charles Baudelaire est probablement celui qui a le plus défendu le vin et ses vertus. Paru en 1851, Du vin et du haschisch, comparés comme moyens de multiplication de l'individualité, lui permet d’exposer son point de vue sur l’ivresse qu’il qualifie d’ «hyper-sublime ». Hyperbole en elle-même, il suffit d’imaginer ses effets sur un simple individu. Puis sur un autre, mais qui possèderait « le facteur X », celui qui donne toute leur magie aux mots. En défenseur du vin, Baudelaire le considère comme un dieu, un être à part, capable de transformer l’homme : «L’homme mauvais devient exécrable, comme le bon devient excellent ». Il entend par là, non seulement une métamorphose physique, mais aussi psychique, de la raison et de la faculté à réfléchir.

Son objectif lorsqu’il écrit les quelques pages est de déterminer comment et pourquoi le vin possède « la faculté d’augmenter outre mesure la personnalité de l’être pensant, et de créer pour ainsi dire, une troisième personne ». Si les deux premières sont le corps et l’esprit, la troisième personne serait elle un genre de Muse née du vin, qui insufflerait à l’homme son inspiration ?

Baudelaire observe bien que l’ivresse a un effet sur l’homme, et en tire une conclusion positive, car à en juger par ce qu’il écrit, le vin effectuerait quelque « danse suprême » telle un procédé magique qui développerait la créativité de l’individu qui l’ingère. Plus qu’une raison scientifique, une opération mystique serait à l’origine de ce phénomène.

Musique

Ernst Theodor Wilhelm Hoffmann illustre le côté musical de la création par l’ivresse. , Baudelaire se met aux côtés du juriste, dessinateur, écrivain et compositeur lorsque ce dernier soutient dans son Kreisleriana qu’il faut boire, pour créer, un vin différent pour chaque genre de musique : à l’opéra-comique correspond le champagne, à l’opéra séria le meilleur vin de bourgogne, et pour la musique religieuse du vin du Rhin. Non seulement le vin est à l’origine de la créativité, mais il possèderait, selon sa nature, un pouvoir d’action différent.

Les contes d'Hoffmann, par Offenbach, commencent par une scène dans une taverne. Entrent en scène les esprits du vin, de la bière déclamant leurs vers « Mon écume argente le verre ! » ; « Je le dore d'un flot divin ! ». Suit un chant « Glou Glou », long et qui se répète. Une telle entrée en matière, pour un livret relativement épais ne peut que prouver l'importance de l'ivresse pour Hoffmann à qui sont dédiés ces contes, puisque boire serait apparenté à un début pour toute chose.

Peinture



Lorsqu’on lui demande de révéler ses secrets, Jang Seung Up plus connu sous le pseudonyme d’Ohwon répond « If you want to paint, first learn how to drink », soit, si vous voulez peindre, apprenez d’abord à boire. C’est on ne peut plus clair, le peintre trouve l’inspiration dans son ivresse et ne peut s’en passer : « without alcohol and a woman, I can’t draw».





Né en 1843, il débute dans la misère, puis atteint la célébrité et la reconnaissance.
Témoin des bouleversements d’une Corée, à cette époque déchirée entre l’envie de se tourner vers le progrès et celle de persister dans le féodalisme. I disparaît autour de 1897, et laisse derrière lui ses œuvres,
et une légende,la sienne.








Pour anecdote, on dit aussi qu’un marchand de tableau, Chérond, enfermait Modigliani, peintre, dans une cave, uniquement accompagné d’un modèle, d’une toile et d’une bouteille d’alcool

Le club des écrivains

Verlaine ne boit pas pour boire, mais pour se soûler. Guillaume Apollinaire veut être « ivre d’avoir bu tout l’univers » et Alfred de Musset était alcoolique. La liste de leurs œuvres est longue, aussi longue que celle des écrivains qui buvaient, pour trouver l’inspiration, et écrire.

Le plus bel exemple pour illustrer et représenter les écrivains par l’ivresse, est, bien sûr, Marguerite Duras, femme fragile, mais qui utilise souvent des mots violents synonymes de destruction, cependant associés à la vie, à l'amour, et surtout qui lui tiennent lieu de reflet d'elle même. « Très tôt j’ai eu le visage de l’alcool ». Elle le dit simplement, l’admet, le clame peut être, comme si l’ivresse avait toujours fait partie d’elle, et qu’elle en avait eu besoin pour grandir, mûrir, évoluer, vivre.

Son style de vie est sa source d'inspiration, car, "on écrit comme on vit". Et elle boit, pour s’identifier à ses personnages, pour oublier, elle boit pour écrire, parce que "rien ne peut remplacer l'alcool". Personne ne remplace Dieu, après tout.

Ivre, toujours, elle passait souvent des nuits et des jours à écrire, comme en transe. Moderato Cantabile, écrit suite à une histoire passionnée, violente, construite sur l'amour, mais sur l'alcool, surtout. Moderato Cantabile, dont l'héroïne est alcoolique.

La maladie de la mort. Le titre est révélateur : Pensé par Marguerite Duras, ivre, plus que jamais, à l’époque où elle pouvait boire jusqu’à six litres par jour. Si ivre que c’est Yann, son amant, qui doit se mettre devant la machiner à écrire, et taper, vite, car lorsque la phrase s’était échappée de son esprit, par ses lèvres, Marguerite l’oubliait.

L’amant. Autobiographie ou simple « coup de pub » ? Peu importe, le livre est écrit. Toujours révélateur de destruction, de la force, et de la fragilité de Marguerite Duras. Une ambiance mystérieuse et l’histoire d’amour sont servies par des asyndètes, des phrases entrecoupées, des sauts dans le temps, un ensemble flou.

Marguerite est crue, sauvage, aidée par un alcool qui désinhibe et intensifie son écriture qui devient consciente, car son intelligence reste vive, et inconsciente à la fois. On pourrait presque parler d’écriture cathartique, qui purgerait ses passions les plus violentes.

Après sa cure, bien qu’elle continue à boire, elle réapprend à écrire, à former des lettres.

A respirer les mots.