vendredi 23 mars 2007

Le club des écrivains

Verlaine ne boit pas pour boire, mais pour se soûler. Guillaume Apollinaire veut être « ivre d’avoir bu tout l’univers » et Alfred de Musset était alcoolique. La liste de leurs œuvres est longue, aussi longue que celle des écrivains qui buvaient, pour trouver l’inspiration, et écrire.

Le plus bel exemple pour illustrer et représenter les écrivains par l’ivresse, est, bien sûr, Marguerite Duras, femme fragile, mais qui utilise souvent des mots violents synonymes de destruction, cependant associés à la vie, à l'amour, et surtout qui lui tiennent lieu de reflet d'elle même. « Très tôt j’ai eu le visage de l’alcool ». Elle le dit simplement, l’admet, le clame peut être, comme si l’ivresse avait toujours fait partie d’elle, et qu’elle en avait eu besoin pour grandir, mûrir, évoluer, vivre.

Son style de vie est sa source d'inspiration, car, "on écrit comme on vit". Et elle boit, pour s’identifier à ses personnages, pour oublier, elle boit pour écrire, parce que "rien ne peut remplacer l'alcool". Personne ne remplace Dieu, après tout.

Ivre, toujours, elle passait souvent des nuits et des jours à écrire, comme en transe. Moderato Cantabile, écrit suite à une histoire passionnée, violente, construite sur l'amour, mais sur l'alcool, surtout. Moderato Cantabile, dont l'héroïne est alcoolique.

La maladie de la mort. Le titre est révélateur : Pensé par Marguerite Duras, ivre, plus que jamais, à l’époque où elle pouvait boire jusqu’à six litres par jour. Si ivre que c’est Yann, son amant, qui doit se mettre devant la machiner à écrire, et taper, vite, car lorsque la phrase s’était échappée de son esprit, par ses lèvres, Marguerite l’oubliait.

L’amant. Autobiographie ou simple « coup de pub » ? Peu importe, le livre est écrit. Toujours révélateur de destruction, de la force, et de la fragilité de Marguerite Duras. Une ambiance mystérieuse et l’histoire d’amour sont servies par des asyndètes, des phrases entrecoupées, des sauts dans le temps, un ensemble flou.

Marguerite est crue, sauvage, aidée par un alcool qui désinhibe et intensifie son écriture qui devient consciente, car son intelligence reste vive, et inconsciente à la fois. On pourrait presque parler d’écriture cathartique, qui purgerait ses passions les plus violentes.

Après sa cure, bien qu’elle continue à boire, elle réapprend à écrire, à former des lettres.

A respirer les mots.

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